Mieux connaitre ses aspirations, ses motivations, ses priorités pour mieux profiter de l’expérience des autres. Cas pratique de l’autonomie alimentaire.

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Texte

Le 21-04-2020

Une réflexion de Nina, chargée de projet en agriculture:

Après un atelier autonomie alimentaire, quand je questionne les agriculteurs sur ce qu’ils vont pouvoir tester de retour chez eux, beaucoup me répondent que les pratiques présentées étaient intéressantes mais qu’elles ne colleront pas à leur modèle de ferme. Comme ils le soulignent, et non sans raisons, toutes les fermes sont différentes. Ce qui marche chez l’un ne marchera pas forcément chez l’autre.

Cependant, même si c’est une réalité, je crois qu’il faut éviter de se retrancher derrière cette phrase passe-partout pour ne rien tenter. Car dans la recherche d’un système plus durable pour son exploitation, la solution miracle et à 100% adéquate n’existe pas. Les essais-erreurs sont la base de la dynamique de recherche d’autonomie alimentaire.

Alors comment favoriser un maximum d’appropriation de pratiques discutées lors des groupes d’échange tout en s’assurant qu’elles s’inscrivent dans le fonctionnement de sa ferme ?

En apprenant à connaitre ses aspirations, ses motivations, ses priorités pour mieux profiter de l’expérience des autres.

Au GAL Condroz-Famenne, c’est sur ce constat qu’a été pensé le déroulement de l’accompagnement de deux groupes d’éleveurs en recherche de davantage d’autonomie alimentaire. En voici les différentes phases et les questions clés :

  • Prise de contact par téléphone : Pourquoi est-ce que ma ferme se prête bien à l’autonomie alimentaire ?
  • Rencontre en groupe de 10-15 éleveurs (Animation à l’aide de fiches leviers autonomie Lauracle) : Quels sont les leviers que j’utilise actuellement pour augmenter mon autonomie ? Et quels sont ceux que j’aimerais mieux connaitre ?
  • Prise de données (Analyses de fourrages/Analyse de sols/Composition des rations) et interprétation en groupe avec un expert : Quels sont mes ressources alimentaires disponibles et leur qualité ? Comment interpréter ces chiffres pour me comparer aux autres et cibler les points à améliorer?
  • Visite individuelle : Parmi toutes les pratiques que j’ai pu découvrir/approfondir lors des rencontres en groupe, quels sont 3 actions qui me permettraient d’auto-produire pour ma ferme un maximum d’aliments pour mon bétail ? Qu’est-ce que je gagnerais à faire ces changements ? Et quels sont les freins de leur mise en place ?
  • Visite en ferme en groupe : Comment les expériences des autres peuvent m’aider à surmonter ces freins et à mettre en place des pratiques plus autonome ?

Pour résumer, l’important avant de se lancer dans la vaste recherche d’un système d’élevage plus résilient en terme fourrager, c’est de parvenir à cibler précisément ses propres besoins. Pour y arriver, le GAL CF a développé la méthode d’accompagnement de son projet agriculture en passant d’abord par la découverte d’un ensemble de pratiques, en relevant ensuite l’intérêt de l’une ou l’autre en fonction des données propres à l’exploitation, puis en se projetant dans le futur et en imaginant les conditions de leur mise en place, pour enfin pouvoir cibler ses questions et profiter pleinement des expériences des autres sur celles-ci.

En conclusion, il y a toujours des pratiques autonomie adaptées à chaque ferme mais pour cela 2 conditions sont nécessaire : d’une part, le fait de pouvoir se projeter sur un idéal et d’autre part, le fait de savoir partager avec les autres pour confronter cet idéal à leurs expériences et apprendre de leurs erreurs et réussites. Le rôle de l’animateur quant à lui prépondérant. Il doit savoir relever avec chaque agriculteur les pratiques à travailler pour pouvoir ensuite proposer des ateliers qui pourront mettre en lien ceux qui recherchent des réponses avec ceux qui ont déjà mis en place des essais pour en trouver !